BIOPHILIE (2019)

« La biophilie est la réponse au besoin humain d’être connecté à la nature. Elle vise à rétablir ce lien dans l’environnement bâti. C’est aussi l’intersection de la santé, la biodiversité, l’art et la beauté ». Eric Fromm

 

Jusqu'à une époque relativement récente de l'histoire humaine, l'homme était en interaction constante avec la nature et ses habitants. La biophilie, ou l'idée que les humains ont une affinité avec la nature, est un domaine émergeant qui prend en compte notre besoin physiologique d'être entouré de vie et de processus vitaux.

 

L'exposition à des représentations et des images de nature peut contribuer à accélérer le processus de guérison et de convalescence, à accroître les sentiments positifs et à réduire les négatifs. À l'inverse, les environnements intérieurs froids, stériles et privés de vie peuvent nuire à notre humeur et à notre état d'esprit général. Cet élément reconnaît l'importance de créer un environnement intérieur qui cultive la connexion entre l'homme et la nature.

Trois concepts phares constituent les piliers du design biophilique : la nature dans l’espace, les analogies naturelles, la nature de l’espace.

 

TERRAPIN BRIGHT GREEN LCC a développé une synthèse des idées principales proposées dans le document intitulé « 14 MODÈLES DE CONCEPTION BIOPHILIQUE : Améliorer la santé et le bien-être dans l’environnement bâti » :

 

La Nature Dans l’Espace englobe sept modèles de conception biophilique :

1. Lien visuel avec la nature. Une vue sur des éléments naturels, des systèmes vivants et des processus naturels.

2. Lien invisible avec la nature. Stimulations auditives, tactiles, olfactives ou gustatives qui font délibérément et positivement référence à la nature, aux systèmes vivants ou aux processus naturels.

3. Stimulations sensorielles non-rythmiques. Liens stochastiques et éphémères avec la nature qui peuvent être analysés statistiquement, mais ne sont pas forcément prévisibles de façon précise.

4. Variabilité thermique et renouvellement d’air. Des changements subtils de température, du taux d’humidité, du flux d’air sur la peau et des températures de surface qui imitent les environnements naturels.

5. Présence de l’eau. Une condition qui améliore la perception d’un lieu à travers la vue, le bruit ou le toucher de l’eau.

6. Lumière dynamique et diffuse. Les variations d’intensité de lumières et d’ombres qui changent dans le temps peuvent créer des conditions s’apparentant à la nature.

7. Lien avec les systèmes naturels. Prise de conscience des procédés naturels, en particulier les changements saisonniers et temporels caractéristiques d’un écosystème sain.

 

Les analogies naturelles comprennent trois modèles de conception biophilique :

8. Formes et motifs biomorphiques. Références symboliques à des dispositions tracées, à motifs, texturées ou numériques qui sont courantes dans la nature.

9. Lien matériel avec la nature. Matériaux et éléments de la nature qui, à travers une transformation minime, reflètent le milieu naturel ou la géologie locale et créent une sensation différente du lieu.

10. Complexité et ordre. Informations sensorielles riches qui adhèrent à une hiérarchie spatiale similaire à ce que l’on peut rencontrer dans la nature.

 

La Nature de l’Espace englobe quatre modèles de conception biophilique :

11. Perspective. Une vue imprenable, pour la surveillance et la prévision.

12. Refuge. Un endroit pour se retirer des conditions environnementales ou du flux d’activité, dans lequel l’individu est protégé derrière et au-dessus de lui.

13. Mystère. La promesse d’une richesse d’informations, par le biais de vues partiellement obscurcies ou autres dispositions sensorielles qui incitent l’individu à voyager plus profondément dans l’environnement.

14. Risque. Une menace identifiable couplée avec une sécurité fiable.

VIL

 

«La biophilie est l’affiliation émotionnelle innée des êtres humains aux autres organismes vivants».

Wilson

 

Nous avons choisi de mettre en exergue cette innovation qui est un des critères du label WELL, niveau Gold, pour faire de ce projet un exemple en matière de développement durable. Par le biais de la biophilie, thème hyper contextualisé dans le cadre d’un projet qui s’inscrit dans un pôle santé, nous visons à améliorer la productivité des utilisateurs, l’image du preneur et surtout le bien-être au travail.

Cette thématique s’est élevée comme élément structurel du projet. De la conception de bacs plantés intégrés en terrasse, en passant par la conception de belvédères sur le socle et enfin par la création de salles modulaires en étage, tout concour au lien direct entre l’espace de travail et la nature. Cette thématique nous l’exprimons aussi avec la façade en pierre semi-porteuse.

 

On retrouve la biophilie :

. Lien visuel et matériel avec la nature

. Stimulation sensorielle

. Présence de l’eau

. Perspectives

. Refuge

. Matérialité

Du grand paysage vers le bâtiment

 

La configuration du bâtiment, hiérarchisée en trois promontoires urbains et un socle, sont reliés par deux vastes terrasses plantées situées à R+3.

Ces espaces sont un écho du cœur d’îlot végétalisé en étage, balcons urbains donnant à voir sur Paris, la vallée de la Bièvre et le paysage alentour.

Nous profitons de leur situation pour y édifier des structures légères, largement vitrées et aux multiples configurations d’usages.

. Un espace de réunion / événementiel

. Un espace de méditation

. Un espace de repos

La structure fine et évanescente, disparaît au profit du paysage qui s’ouvre à la vue des utilisateurs. La biophilie ici s’exprime à l’échelle du territoire et à l’échelle du bâti en connectant nature et architecture.

L‘écho : des espaces extérieurs vers les espaces intérieurs

 

Les salles de réunion sont conçues sur la modularité des espaces de travail et de repos lié à la biophilie. Au sein d’une enceinte de verre, une structure légère de panneaux résillés fixés sur pivot, se déploie pour filtrer l’environnement des bureaux. A celle-ci, se joignent des bacs amovibles de plantes qui permettent de régir l’espace en fonction des différents temps de travail.

Ces salles se déclinent sous de multiples formes. Il existe dès lors une multitude de possibilités pour venir créer l’espace souhaité.

En position ouverte, la structure de la salle de réunion couplée aux nombreuses plantes et à des plateaux amovibles de bibliothèques, permettent de créer un filtre visuel vis à vis du plateau de bureaux contigu. La biophilie s’exprime pour donner un espace de travail propice à la concentration, à la fois chaleureux et accueillant.

Dans un second temps, les bacs amovibles se déplacent au gré des envies, la fine structure se referme manuellement pour venir créer un mur opaque. Il permet d’obtenir par exemple, une salle de rétroprojection, plus ou moins transparente en fonction des besoins. Là encore, ce nouveau biotope crée un filtre lumineux et visuel.

Chaque pan structurel étant amovible à 90°, ceux-ci permettent de clore partiellement ou entièrement l’espace. Dans cette ultime cinématique, on peut apprécier un espace confiné et coupé du reste de l’étage. Cette configuration offre un nouvel espace dédié à la relaxation et à la médiation pour les usagers.